Schéma National des véloroutes : où en est-on ?

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Sophie POUILLY 22/03/2023 ACTU VÉLO

Publiée tous les trois ans, la toute dernière version du Schéma National des véloroutes (SNV) est porteuse d’enseignement. Pour rappel le suivi du SNV est confié par le ministère de la transition écologique à Vélo & Territoires depuis 2011. C’est donc cette association de collectivités qui collecte les données, les « met en carte », évalue les…

Publiée tous les trois ans, la toute dernière version du Schéma National des véloroutes (SNV) est porteuse d’enseignement.

Pour rappel le suivi du SNV est confié par le ministère de la transition écologique à Vélo & Territoires depuis 2011. C’est donc cette association de collectivités qui collecte les données, les « met en carte », évalue les avancées, etc.

L’AF3V participe au comité de pilotage et a pu faire remonter des données non prises en compte (faute de retour de la collectivité concernée dans la plupart des cas) ; que nos délégués en soient vivement remerciés encore !

Changer de braquet ?

Ce SNV comptabilise un peu plus de 26 000 km de véloroutes, pour 59 itinéraires inscrits (dont 8400 d’EuroVelo). Avec les 510 km annoncés comme réalisés en 2022, le taux de réalisation approche les 80%. Et si l’objectif est bien que le schéma soit complet à l’horizon 2030, un rapide calcul montre combien il faut accélérer. En effet il faudrait une moyenne de plus de 700 km par an jusqu’à l’échéance, soit une augmentation de plus de 40% par an de la moyenne des kilométrages réalisés ! D’où la nécessité pour la plupart des collectivités de changer de braquet. Et si cette volonté apparait dans certains départements, c’est loin d’être le cas dans la majorité d’entre eux.

Un cahier des charges respecté ?

Pour nous AF3V, association d’usagers des véloroutes et voies vertes, une autre question d’importance se pose. Celle de la qualité des réalisations, de la fiabilité des données, de leur « lecture » au prisme de nos exigences de qualité et de sécurité.

En effet les données permettant de construire ce schéma viennent des collectivités concernées. Mais aucun processus de vérification, validation, mesure de la qualité n’apparait vraiment (sauf quand ce sont nos délégués qui font remonter). Ce qui a pour effet que bien des difficultés sont « esquivées », voire oubliées. (Au contraire de la carte interactive de l’AF3V, qui les relève, les caractérise. )

Des exemples ? La ViaRhôna en sortie sud de Lyon l’itinéraire provisoire de 20 km est tellement incertain et dangereux à prendre pour une famille avec enfants que les documents de promotion indiquent « nous recommandons fortement de prendre le train entre Lyon et Givors aux cyclistes débutants et aux familles.Ou encore l’EuroVelo 1 entre Guétary et Hendaye où rien n’annonce un trafic automobile intense sur une voirie soi-disant partagée avec les vélos… Et que dire du pont de Normandie dont la traversée, très dangereuse, n’est pas signalée comme telle !

L’outil de signalement des « anomalies cyclables » développé par Vélo &Territoires sur certains parcours devrait intégrer d’autres catégories d’items liés à la sécurité, la continuité des parcours et pouvoir s’appliquer à l’ensemble des véloroutes.

Des itinéraires pas toujours partagés

Ensuite une incertitude pèse sur les « itinéraires partagés » : en effet si le cahier des charges indique qu’ils peuvent emprunter des petites routes tranquilles à condition qu’elles soient « à circulation modérée (maximum 1 000 véhicules/jour) », et encore qu’elles comportent « une signalisation spécifique pour alerter fortement les automobilistes que ces routes constituent des voies partagées. » nous n’avons pas de certitudes que ces recommandations soient réalisées.

Que ce soit sur les nouveaux tronçons validés ou sur des anciens on ne peut que constater que la « signalisation spécifique » indiquant aux automobilistes qu’ils sont sur un itinéraire partagé, est souvent absente. S’y ajoute une limitation de vitesse pour les voitures souvent inadaptée, jamais discutée avec les cyclistes.

Quant à la densité de circulation, les mesures ne sont pas toujours faites, et nous laisse dubitatifs sur plusieurs parties d’itinéraires. De plus il n’est pas prévu de refaire les comptages alors que l’on constate bien des évolutions qui font que certains tronçons qui étaient à moins de 1000 véhicules/jours il y a 10 ou 15 ans, ont aujourd‘hui dépassé ce seuil. Cela mérite réflexion sur les modulations et modérations possibles.

Un cahier des charges plus précis et plus respecté est donc indispensable et nous y veillerons puisqu’il doit être révisé cette année.

Reconnaitre et s’appuyer sur l’expertise citoyenne, l’expertise d’usage

L’AF3V, via les associations locales adhérentes, ou nos délégués, devrait être associées en amont même des projets afin de veiller à ce que les itinéraires et/ou aménagements proposés soient réellement accessibles à tous les usagers en respectant notamment les préconisations du « cahier des charges » national.

C’est pourquoi nous pensons que le Ministère de la Transition écologique et/ou le Ministère du Tourisme devrait missionner une expertise citoyenne pour évaluer les itinéraires apparaissant sur ce SNV, voire sur les schéma régionaux (quand ils existent). Nous pourrions à l’instar de ce que nous réalisons avec notre carte interactive et les fiches descriptives, évaluer ces itinéraires à l’aune de leur qualité (nature du revêtement, continuité du jalonnement, diversité des services…) de leur sécurité (site propre, intensité de la circulation automobile et vitesses autorisées sur les voies partagées, protection des intersections).

Retour vers le SN3V

Le recueil de ces données serait un formidable outil d’amélioration des itinéraires, de promotion pour certains. Ce serait surtout une forme d’audit des véloroutes qui permettrait aux usagers de choisir en toute connaissance de cause leur itinéraire. Pourquoi ne pas revenir au SN3V Schéma National des Véloroutes et Voies Vertes, qui gagnerait en précision, qui gagnerait en exigence ! Nul doute que cela permettrait d’en faciliter et augmenter la fréquentation. Un outil indispensable pour espérer atteindre l’objectif annoncé de faire de la France la première destination mondiale du « tourisme à vélo ».

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