Du 6 au 13 septembre 2019
Plus Belle La Voie 2019 sur la Véloroute 65
Pour cette 7ème édition de Plus Belle La Voie organisée par l’AF3V, une quarantaine de cyclistes ont testé, du 6 au 13 septembre 2019, un parcours de 450 km environ correspondant en grande partie au tracé de la future véloroute n°65 entre Nice et Les Saintes-Maries-de-la-Mer.
La Vélocigale ?
En ce début septembre, quelques cigales stridulent encore dans les endroits abrités. Tiens « Vélocigale » ce pourrait être un identifiant sympathique pour cet itinéraire qui bénéficie d’une très forte densité touristique et peut donc devenir une destination internationale pour le vélotourisme. Pour les participants moitié femmes / moitié hommes, il ne sera pas possible lors de cette randonnée de suivre un balisage continu et l’aménagement reste encore partiel avec environ 150 km réalisés sur les 460 km de l’itinéraire théorique qui concerne 3 départements, 3 métropoles et plusieurs intercommunalités. En 2017, constatant l’absence de comité de pilotage de la V65, l’AF3V (délégation régionale SUD et départementale dans le Var) ainsi que l’association RAMDAM 1 avaient interpellé la Région qui a organisé, en 2018, un pré-comité d’itinéraire rassemblant tous les acteurs de la V65. Aucune collectivité ne s’est porté candidate pour piloter le projet alors que la véloroute a un potentiel de fréquentation et de retombées socio-économiques parmi les plus forts de France. La Région a proposé trois actions à ses partenaires qui pourraient donner des résultats à relativement court terme : réaliser un schéma directeur de signalisation, doter la véloroute d’une identité propre (nom, logo) et programmer l’aménagement d’itinéraires de continuité pour valoriser les sections existantes et tirer parti de la forte demande latente.
Alpes-Maritimes
Le 6 septembre, nous quittons la vallée du Var pour atteindre, par une grimpette un peu raide, le vieux village médiéval de Carros, et le parcours « Les Balcons d’Azur » jalonné par le Département sur 58 km entre Le Broc et Peymeinade. Dans ce département, la V65 offrira beaucoup moins de parcours en littoral contrairement à la véloroute européenne n°8 « la Méditerranée à vélo » qui suit le bord de mer entre Mandelieu et Menton. A Saint-Jeannet, nous sommes invités au Domaine des Hautes-Collines où nous pique-niquons sous les oliviers millénaires après la visite de la cave assurée par le propriétaire Georges Rasse. Isabelle Deloraine, conseillère municipale, nous a concocté un accueil des plus top pour la pause café ; elle a préparé des panneaux avec des photos de la V65 sur la commune et assuré la médiatisation de l’événement qui a été couvert par FR3 Côte d’Azur et Nice-matin. Le maire Jean-Michel Sempere et plusieurs élus dont Amaël Moinard, qui vient d’accomplir son 11ème et dernier Tour de France, sont présents ainsi que les chargés de mission vélo (Laurent Lavoine pour le Département et Alexandre Balerin pour la Métropole Nice Côte-d’Azur). En compagnie de cyclistes locaux, plusieurs élus nous accompagnent sur le parcours jusqu’à Tourrettes-sur-Loup où nous essuyons une rincée juste avant d’arriver au village où le maire Damien Bagaria et des membres de son conseil, nous reçoivent pour un apéro dans la mairie-château. La pluie persiste et nous repartirons pour le camping très proche vêtus d’une cape de pluie offerte par le Département ! Pour les élus rencontrés dans ces deux communes, il est nécessaire de retrouver un parcours de la V65 sur l’ancienne voie ferrée Meyrargues – Nice. Cependant, il faudra rouvrir des tunnels et des passerelles devront être recréées car plusieurs viaducs ferroviaires ont été dynamités par les allemands en 44. Mais ça avance petit à petit, Laurent Lavoine nous accompagne le lendemain, sur le tout nouveau tronçon de 1,8 km réalisé récemment sur l’emprise ferrovaire et qui permet d’éviter désormais un détour à fort dénivelé. Autre projet envisagé : l’amélioration du passage au Pont du Loup, d’où l’on a un beau point de vue sur l’entrée des gorges. A Grasse, nous pique-niquons dans la cour jouxtant les locaux de Choisir le Vélo, association qui nous présente ses actions et surtout met à notre service son atelier et ses bénévoles pour un entretien des vélos et quelques réglages. Après la visite de la parfumerie Fragonard, nous partons vers Peymeinade où l’itinéraire rejoint et se superpose à l’EuroVelo 8 (EV8) qui, faute de mieux, emprunte la très fréquentée RD 2502 en descente jusqu’au pont routier de la Siagne, limite avec le département du Var. Le viaduc ferroviaire de 260 m de long et de 72 m de hauteur qui reliait les deux départements a, lui aussi, été détruit pendant la 2ème guerre mondiale. La reconstruction d’un ouvrage d’art n’est pas envisagée, du moins dans l’immédiat, mais d’autres solutions pour le franchissement du cours d’eau sont étudiées.
Var
La réhabilitation d’un pont médiéval et la création d’une piste reliant l’emprise ferroviaire sur la commune de Montauroux, permettrait d’éviter aux cyclistes le passage sur routes à fort trafic. Depuis le pont de la Siagne, nous suivons donc l’itinéraire provisoire EV8 / V65 qui présente une forte montée côté Var, sur la RD 502 sans accotements. Pour les huit possesseurs de vélos à assistance électrique, c’est du gâteau ! Nous sommes accueillis au camping par des élus de Montauroux et Samuel Bertrandy, directeur du développement local et de la prospective de la communauté de communes du Pays de Fayence. Comme les élus rencontrés dans les Alpes-Maritimes, Robert Cecchinato, 1er adjoint de la commune, a bien compris les enjeux liés au passage
des cyclistes itinérants dans ce magnifique arrière-pays et espère voir réaliser prochainement les aménagements indispensables pour assurer une continuité cyclable de qualité. Samuel Bertrandy et Franck Machabert, chargé des projets cyclistes de l’intercommunalité, nous accompagnent le lendemain (un dimanche!) pour nous guider sur le tracé qu’ils préconisent entre Montauroux et le littoral, désormais distinct de l’EV8. Ce parcours, testé précédemment par Jean-Paul Klein, délégué AF3V du Var, comprend des pistes globalement en bon état mais aussi deux passages à gué et quelques sections ravinées et caillouteuses. Mais le groupe apprécie les paysages en bord de lac de Saint-Cassien et le site du barrage en ruine de Malpasset dont la rupture en 1959 a occasionné la mort de 423 personnes. Après avoir évité la traversée de Fréjus en empruntant les digues du Reyran, nous arrivons sur le Parcours Cyclable du Littoral varois (PCL)2 qui s’étalera, à terme, sur 120 km entre Saint-Raphaël et Six-Fours-les-Plages, et sur lequel les comptages effectués sur les sections en service montrent les meilleures fréquentations de la région, comparables à celles de véloroutes davantage aménagées en France. Cependant, malgré de belles pistes cyclables (plus de 75 km!) en grande partie réalisées sur une ancienne voie ferrée, il subsiste encore plusieurs ruptures d’aménagements, des discontinuités dans la signalisation et des points durs : carrefours dangereux à Gassin et La Seyne-sur-Mer, passages sur routes ou voies urbaines très fréquentées. Le Département comble progressivement les chaînons manquants. Au Rayol-Canadel, le passage sur l’emprise ferroviaire est condamné à la suite d’éboulements ; des travaux de confortement et de sécurisation des talus sont engagés. Cela prendra du temps ! D’autre part, il n’existe pas encore de projet pour relier, sur une vingtaine de kilomètres, l’extrémité ouest du PCL à la limite avec les Bouches-du-Rhône. Nous longeons les belles plages de la côte varoise avec plusieurs haltes baignades. Il vaut mieux profiter car la pluie, prévue par les bulletins météo, nous cueille au petit matin pour le départ de l’étape Carqueiranne – Saint-Cyr-sur-Mer. Jean-Paul Klein est contraint d’annuler les rendez-vous qu’il avait organisés sur le territoire de la métropole Toulon – Provence – Méditerranée. Le groupe se disloque : certains persistent à camper, d’autres louent des mobile homes ou réservent un hôtel , quelques-uns roulent sous la pluie, d’autres prennent le TER – moyen de transport très apprécié par les itinérants à vélo qui rend bien service ce jour-là.
Bouches-du-Rhône
Le lendemain, nous parvenons à rassembler tout le monde à La Ciotat, où nous attendent, sous un grand soleil, Guy Patzlaff, 1er adjoint et plusieurs membres de la toute nouvelle association ciotadenne Utop Vélo qui ont préparé pour nous une collation et des rafraîchissements. Nous sommes sur le territoire de la métropole Aix-Marseille-Provence et les associations (Action Vélo Aubagne, CVV Marseille, Les Vélos des Etangs) composant RAMDAM seront présentes tout au long du parcours pour nous accompagner et nous réserver le meilleur accueil. La municipalité de La Ciotat a réalisé une voie douce et des aménagements cyclables qui devraient se connecter avec la piste programmée par le Département en bord de RD559 depuis la limite avec le Var . Dans les Bouches-du-Rhône, les aménagements en site propre sont encore rares sur l’axe correspondant à la V65 et plusieurs, comme la voie douce de La Ciotat, sont protégés par des dispositifs anti-scooters
infranchissables avec des vélos chargés de sacoches. Nous devrons donc emprunter souvent des routes partagées. Certaines sont équipées d’accotements colorés ce qui est appréciable dans les deux longues montées : entre La Ciotat et le Pas d’Ouillier en direction d’Aubagne et entre L’Estaque et Ensuès-la-Redonne. La traversée de Marseille est particulièrement difficile avec très peu de pistes et seulement quelques sections équipées de bandes cyclables, hélas trop souvent encombrées par des véhicules en stationnement sauvage. Le trafic est intense et la cohabitation avec les véhicules motorisés s’avère dangereuse. Pas de campings entre Aubagne et Carry-le-Rouet et l’Auberge de Jeunesse de Bonneveine à Marseille est la bienvenue. A l’accueil, Margot, adhérente de l’AF3V se fait une joie de nous recevoir. Le lieu est idéal pour héberger un groupe de cyclistes et nos vélos sont parqués dans un lieu sécurisé. Margot nous offre, à l’arrivée, un apéro-cocktail. Elle apporte sa note personnelle à notre repas et se tient prête à nous accompagner à vélo, le lendemain. Nous démarrons sur la toute nouvelle piste cyclable de la corniche rejoints par Cécile Balestrini, chef du service modes actifs de la Métropole et Didier Nurdin, chargé de mission vélo du Département. Aux jardins du Pharo dominant le Vieux-Port, nous retrouvons Nancy Spinousa, chef du service Grands Equipements de la Région et Marie Batoux, référente dans ce service pour la V65. Aucun élu n’est présent car nous sommes en période de réserve et les techniciens des collectivités ne prendront donc pas la parole dans le cadre d’une conférence de presse. Cette rencontre reste tout de même riche en échanges qui permettent aux participants de mieux connaître les projets inscrits dans les plans vélo métropolitains et départementaux notamment ceux qui pourraient se situer sur le tracé de la V65 ainsi que le cadre d’intervention et les financements régionaux. Plusieurs interviews sont accordées à l’organisateur et aux participants de la randonnée. Il fait chaud et quelques-uns se jettent à l’eau à la plage du Rouet sur la Côte bleue. A Martigues, nous retrouvons quelques voies vertes et une belle piste réalisée récemment entre la gare et le centre-ville. Nous sommes informés (un peu tard !) que nous sommes attendus par le Directeur général des services de la commune de Port-de-Bouc. Nous arrivons trop tard à 19h 30 mais – ô surprise – un apéro nous attend servi par le responsable de ce camping municipal bien agréable en bord de plage. C’est la dernière étape : nous passons au pied du site médiéval de l’Hauture à Fos-sur-Mer avant de traverser la zone industrielle. Un parcours sur chemins caillouteux nous permet d’éviter de circuler sur des routes dangereuses à 2X2 voies. Ici le passage de la V65 va se heurter aux Plans de Prévention des Risques Technologiques (PPRT – Fos est et Fos-ouest). Comme à St-Menet (Marseille) ou Lavéra (Martigues) situés aussi sur la V65, il ne semble pas possible d’accueillir de nouveaux usages sur certains périmètres de sites classés SEVESO. Passé le Bac de Barcarin sur le Grand Rhône, nous entrons en Camargue. Nous avons réservé une gardianne de taureau pour le repas à Salin-de-Giraud, pris avec Yannick Herviou, chef de l’arrondissement d’Arles de la Direction des Routes qui nous a fait l’amitié de venir parler, de manière informelle, des projets en cours, programmés ou à l’étude sur son territoire. L’absence de vent nous permet d’arriver rapidement par la digue à la mer aux Saintes-Maries-de-la-Mer où une dernière baignade est appréciée. Une connexion dans le Gard avec l’ EV8 superposée à l’EV17 (ViaRhôna) est à l’étude.
En conclusion
De l’avis général des randonneurs de Plus Belle La Voie, l’arrière-pays et ses villages perchés ainsi que le bord de mer sur la Côte varoise, la Côte bleue et la Camargue sont remarquables. Cependant, ils ont beaucoup moins aimé la proximité du trafic automobile incessant engendrant bruit, odeur et danger ainsi que les passages en zones industrielles. En effet le parcours de la V65 traversera une urbanisation dense et se situera à 50% en agglomération et plusieurs d’entre nous, présents lors des éditions précédentes de Plus Belle La Voie , ont préféré le parcours de l’EV8 / Méditerranée à vélo (Nord-Alpilles, Nord-Lubéron et Haut-Var)
Pour l’instant, les trop nombreuses discontinuités restreignent l’usage de la V65 à une fréquentation locale et de loisirs. Pour l’AF3V, cette véloroute doit être pensée avec une vision et des objectifs d’ensemble, et ne pas rentrer en compétition avec l’EV8. Les deux peuvent être considérées comme une continuité pouvant former l’armature d’une offre vélotouristique régionale attractive avec plusieurs connexions possibles entre elles et avec la ViaRhona / EV17.
Plus Belle La Voie, c’est aussi un groupe de gens sympathiques, des repas communs avec chansons et une entraide au sein du groupe pour résoudre les problèmes mécaniques. Pour la 8ème édition en 2020, Plus Belle La Voie donnera un coup de projecteur sur l’itinéraire régional V862 « Val de Durance » entre Briançon et Avignon.
Rendez-vous en 2020 pour la prochaine édition, du 6 au 13 juin 2020 !
Alain Michel, délégué régional AF3V – SUD – Provence-Alpes-Côte d’Azur
1 RAMDAM : Rassemblement d’Associations pour les Modes de Déplacements Alternatifs dans la Métropole (Aix-Marseille-Provence).
2 Parcours Cyclable du Littoral varois (PCL) : brochure à télécharger sur le site Var Le Département . Voir les quatre descriptifs du PCL sur le site de l’AF3V
Les articles Presse sur la randonnée :
- France Bleu Azur
- France 3
- France 3 – actualités replay (émission du 06/09/2019) A partir de 12’30 »
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