Edito de Pierre Hémon paru dans la lettre d’information de l’AF3V du 25 janvier 2024.
Fréquentation cyclable en 2023 : des chiffres inquiétants, des initiatives encourageantes
Nos amis de Vélo & Territoires viennent de publier (huitième bulletin) un bilan provisoire de la fréquentation vélo en 2023. Il faudra bien sûr attendre les résultats consolidés pour en tirer des conclusions plus approfondies. Mais d’ores et déjà des tendances apparaissent.
Tout d’abord une augmentation de 5% du niveau global sur l’année. Mis en regard avec l’objectif d’atteindre 12% de part modale pour le vélo en 2030, on peut néanmoins parler de quasi-stagnation. En effet si nous regardons dans le rétroviseur (oui il y en a sur les vélos) le « Plan Vélo » annoncé le 14 septembre 2018 à Angers par la ministre de l’époque (Madame Elisabeth Borne), on a une sensation de sur-place. En effet ce plan proposait 25 mesures pour passer de 3 à 9% de part modale vélo à l’horizon 2024. Si la définition même de l’horizon est qu’il recule sans cesse, force est de constater que nous sommes loin des 9% ! Force est de constater que nous stagnons autour de 3%, ce qui est rien moins qu’inquiétant disons-le tout net.
A regarder encore les chiffres de fréquentation, il est visible que l’augmentation constatée ne concerne que le milieu urbain. Aussi bien en milieu péri-urbain qu’en rural, l’augmentation (si l’on peut dire) est de 0%. Décevant vraiment !
Et pourtant en milieu rural nombre d’initiatives voient le jour. Certaines collectivités délaissent la religion du « tout voiture » et ses dépenses exorbitantes (une raison pragmatique) et commencent à laisser de l’espace pour des aménagements cyclables, en empiétant même sur « l’espace voiture » ! Même la question de la vitesse, de sa réduction, se pose à nouveau : un quasi-changement de paradigme ! En fait, certaines collectivités locales s’aperçoivent que les distances parcourues sur leurs territoires ne sont pas plus importantes qu’en ville, et qu’elles pourraient se faire à vélo, mais que la sécurité fait souvent défaut. Elles constatent aussi, en ces temps de « vaches maigres » que l’entretien des 700 000 km de réseau routier communal et des 380 000 km de réseau départemental coûte excessivement cher. Voilà sans doute pourquoi tant de projets de voies vertes, d’aménagements cyclables, de plans de circulation voient le jour.
Certains départements, à l’instar de la Manche, réfléchissent à réserver une (petite) partie du réseau routier aux modes actifs et aux riverains. S’il est un peu rapide, voire abusif d’appeler cela des voies vertes, ces initiatives sont à suivre et à encourager. C’est ce que font localement les délégués de l’AF3V… Qu’ils en soient ici remerciés.
Pierre Hémon, Président