Les revêtements choisis doivent permettre une praticabilité de l’aménagement en toute saison et une durabilité dans le temps
En ce début d’année 2023, le plan vélo annoncé en septembre dernier prend corps : un sixième appel à projets assorti d’une enveloppe de 100 millions d’euros vient d’être lancé. D’après l’article de Vélo & Territoires paru le 20 janvier, l’accent est mis sur les zones peu denses et une attention particulière au type de revêtement sera prêtée. En effet, on peut lire :
“Avec un taux d’aide de 50 % en zone peu dense et de 15 % en zone dense (unité urbaine de plus de 100 000 habitants), une attention particulière est accordée aux territoires peu denses et aux Outre-mer.”
“Les revêtements choisis doivent permettre une praticabilité de l’aménagement en toute saison et une durabilité dans le temps”
Premier coup de pédale du Plan vélo 2.0 | Vélo & Territoires (velo-territoires.org)
Paradoxalement, on assiste, de manière sporadique, à des oppositions à la création ou la rénovation de voies vertes, au motif que l’on “bétonne” la campagne (rappelons au passage que les aménagements cyclables représentent 0.2 % des surfaces artificialisées…). Les opposants sont souvent mal informés de ce qu’est une voie verte, ignorent les qualités et les défauts des différents revêtements, méconnaissent le trafic et les retombées économiques qu’elle génère. Et surtout ils n’anticipent pas les services qu’elle peut rendre aux populations locales lors de leurs déplacements quotidiens. Si l’on souhaite qu’un report modal s’effectue en faveur du vélo, il faut effectivement proposer des aménagements qualitatifs, durables et roulables. En enrobé. Nous avons déjà exposé toutes les raisons pour lesquelles notre préférence va à ce matériau :
Voies vertes en enrobé, voies pour tous ! | AF3V
Par ailleurs, la cyclo sphère se posait des questions relatives au ZAN (Zéro Artificialisation Nette) : les aménagements cyclables allaient-ils être comptabilisés comme surfaces artificialisées ? Dans quelles mesures ? Selon quels critères ? Un article de Vélo & Territoire paru le 25 janvier apporte un premier éclairage sur le sujet. Pas de gros changement jusqu’en 2030. Et à l’horizon 2050, l’article résume la question en ces termes :
- “Création d’une piste cyclable sur une route (ou un espace public) existant(e) : la surface étant déjà artificialisée, il n’y a pas de variation de flux, donc pas d’incidence ;
- Création d’une piste cyclable sur une surface jusqu’alors non artificialisée : la logique des 5 m s’applique. L’aménagement seul n’est pas détecté et son emprise sera qualifiée en fonction de la surface où elle sera implantée, qui sera probablement artificialisée. C’est l’ensemble de l’espace public / îlot nouvellement créé qui emportera un flux d’artificialisation. La présence de la piste cyclable importe donc peu puisque c’est son environnement qui sera qualifié.
- Création d’une voie verte isolée en milieu rural : dans la mesure où la surface imperméabilisée pour la réalisation de la voie est inférieure à 5 m, elle ne sera pas « détectée » comme surface artificialisée.”
Aucune précision n’est ajoutée concernant les types de revêtement. Il semblerait donc que ce facteur ne soit pas un élément retenu. Le ZAN entend freiner l’étalement urbain qui découle directement de l’aménagement du territoire tel qu’il est pratiqué depuis les années 50, à savoir le zonage. On a séparé les usages : travail, loisirs/commerces, habitat et construit la ville hors la ville. Cela a été rendu possible grâce au recours systématique à la voiture individuelle. Cette dernière est devenue indispensable à mesure que l’habitat s’éloignait des lieux de travail ou de courses et de loisirs, rendant les transports en commun et le vélo hors compétition. La volonté nouvelle affichée de favoriser le vélo oblige donc à repenser aménagement du territoire et déplacements et à développer un réseau et un système vélo efficients pour rendre ce mode de déplacement enfin compétitif et ainsi tenter de réduire les distances et freiner l’étalement urbain.
La réalisation de nouvelles voies vertes en milieu rural semble donc être un des leviers pour développer la pratique du vélo, tout en respectant le ZAN. D’autant que celles-ci sont rarement créées ex-nihilo mais s’appuient sur des chemins déjà existants (ruraux, d’exploitation, de halage ou encore forestiers) qui présentent déjà des fondations. Elles ne seront donc pas comptabilisées dans le calcul du ZAN. Par ailleurs, on peut ajouter, si on veut vraiment accélérer le maillage du territoire, qu’il existe une solution complémentaire 100% compatible avec le ZAN. La France dispose d’un réseau routier très dense, l’un des plus dense au monde. Extraire de ce réseau les “petites” routes à faible trafic pour les dédier aux modes de déplacement actif (comme on le voit déjà sur certaines routes de manière permanente ou ponctuelle) permettrait de multiplier les aménagements très rapidement, sans entraver la circulation des véhicules motorisés. Et cela changerait tout pour atteindre dans les temps les objectifs en termes de part modale du vélo, fixés à 9% pour 2024 par la LOM…